Lors de la session de printemps 2025, le Conseil national a examiné l'initiative populaire «Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen)». Au cours des débats en chambre, le conseiller national Jean-Luc Addor, (udc, VS), qui s'exprimait au nom de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CPS-CN), a indiqué que, comme le Conseil fédéral, la commission proposait le rejet de l'objet, sans contre-projet direct ou indirect, puisque ses membres estiment que les dysfonctionnements et les problèmes d'effectifs que connaissent aujourd'hui l'armée et la protection civile pourraient être résolus grâce à une modification de la Loi fédérale sur le service civil (LSC) et de la Loi fédérale sur la protection de la population et sur la protection civile (LPPCi).
Une minorité de la commission a proposé un contre-projet indirect visant à réduire le temps de travail hebdomadaire maximum afin de permettre à celles et ceux qui le désirent de s'engager davantage pour la société. Andrea Zryd (ps, BE), qui s'exprimait au nom de la minorité, a indiqué que, pour encourager l'engagement bénévole des citoyennes et citoyens, «une réduction modérée de la charge de travail avec maintien du salaire serait la solution idéale». Elle a donc proposé que l'article 9 de la Loi fédérale sur le travail dans l'industrie, l'artisanat et le commerce (LTr) soit modifié afin que la durée hebdomadaire maximale des heures de travail soit réduite de 45 à 38h pour les travailleurs et travailleuses des entreprises industrielles, pour le personnel de bureau, pour les employés techniques et pour le personnel de vente dans les grandes entreprises et le commerce de détail. Pour tous les autres travailleurs et travailleuses, le temps de travail hebdomadaire maximal passerait de 50 à 45h. Cette proposition de minorité a été rejetée par 16 voix contre 6 et 2 abstentions au sein de la commission. Une proposition de contre-projet direct a par ailleurs été rejetée par 22 voix contre 2 et aucune abstention en commission. Celle-ci visait à introduire une obligation de servir axée sur les besoins des instances concernées.
Le conseiller national Jean-Luc Addor s'est ensuite attaché à rappeler certains des arguments sur lesquels s'est fondée la CPS-CN pour proposer le rejet de l'initiative populaire. Il a ainsi affirmé que l'idée d'instaurer un service également obligatoire pour les femmes irait à l'encontre des aspirations d'un nombre considérable d'entre elles et pourrait avoir un effet négatif sur l'économie, «puisque la société civile se verrait retirer un nombre encore plus grand de personnes que ce n'est le cas avec le service militaire». Par ailleurs, le conseiller national valaisan a estimé que cette initiative n'apporterait pas de réponse au manque d'effectifs de la protection civile et risquait aussi de favoriser une diminution des effectifs de l'armée, puisque le service militaire serait mis sur un pied d'égalité avec un service permettant de s'engager pour le bien de la collectivité. Il a donc annoncé que la commission recommandait au Parlement, par 21 voix contre 3 et aucune abstention, de rejeter l'initiative service citoyen.
Pour ce qui est des groupes parlementaires, le PLR s'est prononcé contre l'initiative populaire. Heinz Theiler (plr, SZ) a affirmé que l'engagement volontaire de citoyennes et citoyens, actifs dans des organisations de secouristes, dans des associations musicales ou sportives ou en tant que pompières et pompiers ne devait pas devenir obligatoire, mais bel et bien rester une activité permettant de s'accomplir personnellement.. L'UDC s'est alignée sur le PLR, rappelant que ce texte risquait de priver le marché du travail de deux fois plus de travailleuses et travailleurs qu'aujourd'hui. La gauche s'est elle aussi opposée à l'objet, bien que certains parlementaires issus de son camp aient personnellement pris position en sa faveur. Ainsi, alors que le conseiller national vert Fabien Fivaz (vert-e-s, NE) a affirmé que l'objet mènerait à une «hiérarchisation des formes de services» et à une mise à mal du service civil, son collègue de parti Gerhard Andrey (vert-e-s, FR) a pris le contre-pied, arguant que cette initiative populaire est un moyen d'élargir la notion de service en faveur du pays à tous les engagements qui permettent de faire avancer le bien commun. A l'instar de la majorité des vert-e-s, le PS était opposé à cette initiative, même s'il a reconnu certains de ses bienfaits, comme l'a montré l'intervention du conseiller national Fabian Molina (ps, ZH). Le Centre s'est également opposé à l'initiative, ainsi qu'a permis de le constater la prise de position de la conseillère nationale Isabelle Chappuis (centre, VD). Elle a notamment affirmé que les objectifs du texte – renforcer l'engagement bénévole de la population – étaient louables mais qu'il n'était pas nécessaire de tenter de les atteindre en utilisant la contrainte. 
La seule fraction à s'être prononcée en faveur de l'initiative populaire était donc celle du PVL. Le conseiller national Patrick Hässig (pvl, ZH) a souligné que le projet visait à mettre tout le monde sur un pied d'égalité en proposant aux hommes, aux femmes et aux ressortissantes et ressortissants étrangers de s'engager pour la collectivité. 
Au moment de clore les débats, la ministre de la défense Viola Amherd, qui s'exprimait au nom du Conseil fédéral, a appelé les parlementaires à rejeter l'initiative sans contre-projet direct ou indirect, en mettant elle aussi en avant les effets négatifs qu'elle pourrait avoir sur le marché du travail. 
Lors du vote, les parlementaires ont décidé par 166 voix contre 19 et 3 abstentions de suivre le Conseil fédéral en rejetant l'initiative populaire. Aux côtés des vert'libéraux, deux socialistes, deux vert-e-s et trois centristes ont soutenu l'initiative populaire. Les conseillers nationaux et conseillères nationales ont par ailleurs rejeté la proposition de minorité Zryd par 126 voix contre 56 et 6 abstentions. L'objet doit à présent être examiné par le Conseil des Etats. 
      
          
            
            Dossier: Weiterentwicklung der Dienstpflicht